En paléontologie, l’origine de la vision prend sa source dans une énigme que l’on a nommé « l’explosion cambrienne ».
Au début de l’ère cambrienne, il y a 543 millions d’années, l’évolution avait mené à la création de trois grandes familles de vie animale. A peine 5 millions d’années plus tard, il en existait 38 ! De nos jours ce nombre n’a presque pas bougé. Sur une courte période a donc eu lieu une véritable explosion de vie, un mystère toujours non élucidé par les scientifiques.Pour le zoologiste Andrew Parker, qui a développé la théorie dite de la « commutation lumineuse » (« Light Switch »), c’est l’apparition du sens de la vision qui aurait permis cette explosion de vie.
A la veille de l’explosion cambrienne, le sens de la vision était présent à un stade embryonnaire : on distinguait chez certaines créatures des organes à cellules photosensibles capables de distinguer l’obscurité de la lumière.
Le premier être vivant à posséder un œil véritable (c’est-à-dire un système oculaire capable de mener à la perception d’une image, est le trilobite, un petit arthropode aujourd’hui disparu mais dont l’apparition correspond exactement au début de l’explosion cambrienne.
Ainsi, ce nouveau sens de la vision aurait donné un avantage évolutif tellement démesuré qu’il aurait entraîné une véritable « course à l’armement » parmi toutes les créatures, permettant ainsi cette accélération sans précédent de l’évolution.
Cette période de l'explosion cambrienne fut intensivement étudiée par les scientifiques dont Charles Darwin, qui y voyait un argument contre sa théorie de la sélection naturelle. En effet, selon la théorie darwinienne, l'évolution fut permise par de petits changements graduels, étirés sur de très longues périodes de temps. Il avait donc du mal à comprendre cette accélération soudaine de l'évolution !
La théorie du Light Switch de Parker vise donc à faire le pont entre Darwin et le fait scientifique et historique de l’explosion cambrienne.
Ce n’est qu’après l’apparition du sens de la vision que les êtres vivants, autant les végétaux que les animaux, ont ajouté à leur parure des éléments colorés variés. L’apparition de la couleur est donc intrinsèquement liée à celle du sens de la vision.
Source : A. Martel "Le Pouvoir de la Lumière" Editions Trénadiel, 2016